C’est la rentrée des Directeurs et Directrices des Services Géneraux

Témoignages sur les enjeux de la rentrée 2020 !

Christophe-marcoux

Christophe Marcoux

Ville de Voiron (38 500), 20 000 habitants.
JB Clerc

Jean-Baptiste Clerc

Ville de Blagnac (31 700), 25 000 habitants

C’est la rentrée ! Alors que le COVID-19 fait désormais partie de notre quotidien, la vie des collectivités doit suivre son cours. Les enjeux de cette rentrée sont nombreux, alors LeadOn a recueilli le témoignage de deux Directeurs Généraux des Services . Entre retours d’expérience, conseils et analyses, découvrez le témoignage de ces DGS qui fait vivre quotidiennement sa belle commune.

Les collectivités locales ont joué un rôle fondamental dans la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19 : que retenez-vous de cette période troublée ? 

Christophe MARCOUX – Elus et agents municipaux sont restés fortement mobilisés pendant la période de confinement. Les services publics locaux essentiels sont restés actifs : état-civil, centre funéraire, propreté urbaine, accueils en crèche et à l’école des enfants de personnel soignant, collecte des ordures ménagères, astreintes de sécurité, police municipale, maisons de personnes âgées, cuisine centrale,…

Dans un pays décontenancé par les mesures de prévention strictes et inédites, le service public a montré une nouvelle fois toute sa nécessité et sa pertinence. Trop souvent décrié, il prend à nouveau ici tout son sens.

Malgré le stress inhérent à la situation, je retiens en particulier : l’implication des élus et des agents municipaux, les relations permanentes et bienveillantes avec nos collègues des autres collectivités locales (intercommunalité et département notamment), la force du réseau de professionnels tissé de longue date (particulièrement avec le centre hospitalier, le tissu économique local, les associations, les services préfectoraux, les forces de l’ordre), l’entraide, la solidarité, l’innovation journalière pour trouver des solutions à des problématiques inédites à cette échelle.

S’il fallait le démontrer, l’action des collectivités locales a fait pleinement sens. Au travers des multiples réformes qui les traversent, sachons nous en souvenir.

Jean-Baptiste CLERC – La crise sanitaire a été un bouleversement en termes de production de services, d’organisation et de management pour les collectivités territoriales. Nous avons été bousculé à la fois dans nos représentations mais aussi dans nos habitudes.

Je retiens toutefois de cette période la forte agilité du monde de la territoriale et sa capacité d’adaptation et de créativité.

Les élus locaux et leurs services ont été particulièrement réactifs dans la mise en œuvre de solutions et propositions qui jusqu’alors n’avaient été que peu ou pas exploitées.

Cet été, les nouvelles équipes ont fait leurs premiers pas aux manettes, quels conseils pouvez-vous donner aux élus pour réussir leur première rentrée ?

Christophe MARCOUX – En effet, la période d’intégration et d’acclimatation des nouvelles équipes s’efface progressivement. Elles se retrouvent dorénavant face à leur projet avec la charge de le mettre en œuvre, tout en connaissant mieux, après leur expérience de quelques mois, les contraintes et opportunités avec lesquelles elles vont devoir évoluer. La fameuse période de l’état de grâce ou des 100 jours… est donc terminée.

L’ampleur de la tâche peut apparaître glaçante tant les attentes sont nombreuses de la part des citoyens, du monde associatif, des commerces et des entreprises, des agents du service public,…sans oublier les engagements du programme électoral.

A mon sens, la période doit être consacrée à structurer l’action des prochaines années du mandat municipal ou intercommunal.

Je pars du principe que chaque service sait se relancer après la période estivale : le service éducation a préparé la rentrée, les crèches ont prévu l’accueil des enfants, les cantines scolaires réouvrent, etc…Ce quotidien est en théorie bien huilé et rituel. Il convient que élus et services veillent à sa relance et à ajuster les dispositifs, sans oublier d’aller à la rencontre des usagers et des agents, toujours un peu stressés en ces temps de rentrée.

Toutefois, il m’apparaît qu’élus et cadres territoriaux ne doivent pas se contenter de se laisser porter par ce rite de rentrée sans consacrer du temps à un travail plus structurel et programmatique.

Pour éviter de trop subir les désordres de gestion du quotidien, il convient de se souvenir que les mesures et décisions structurelles régulières, même si elles sont plus difficiles à engager, sont de nature à apporter du sens à un collectif de travail et à atténuer les problèmes journaliers.

C’est pourquoi, il est important en cette première rentrée du mandat, de prévoir des temps de travail établissant un état des lieux (il est maintenant mieux appréhendé après quelques mois de mandat) et de le confronter aux objectifs de l’équipe politique.

Cette démarche peut prendre des formes variées : séminaire des élus, comité de pilotage, feuilles de route par délégation, plan de mandat, projet pluriannuel, etc… A la limite, la forme exacte comptera moins que l’élan et la mise en mouvement.

Il est donc essentiel de donner un cadre fort et structuré à l’action municipale ou intercommunale et cette rentrée me semble particulièrement propice. A n’en pas douter, il existe une forte attente de la part des élus et des agents, même si elle n’est pas toujours explicite. Ne pas y répondre conduira automatiquement au délitement de la dynamique collective qui a pu fonctionner correctement jusqu’alors sur la base de tâtonnements et de décisions ponctuelles, mais qui ne peut perdurer sereinement à long terme…

En résumé, il convient de s’occuper des dossiers de la rentrée mais ne pas s’y complaire car le véritable enjeu réside dans la structuration réfléchie de l’action sur tout le mandat.

Jean-Baptiste CLERC – Les premières semaines et premiers mois d’un mandat quel qu’il soit sont déterminants car ils donnent souvent le tempo sur la suite.

Dans ce cadre-là, il m’apparaît particulièrement important de se poser et de réfléchir à la fois aux modalités de gouvernance mais aussi à la transformation d’un programme politique en projet de collectivité.

Les modalités de travail entre élus, entre les élus et l’administration mais aussi au sein même de l’administration doivent être réinterrogées et définies pour permettre la mise en œuvre sereine d’une feuille de route politique.

Quels sont, selon vous, les grands enjeux des collectivités locales dans les prochains mois ?

Christophe MARCOUX – Les collectivités locales font face à longueur d’année à des chantiers conséquents et complexes. En ce début de mandat, ces chantiers sont principalement inhérents aux projets des nouvelles équipes d’élus.

Comme évoqué précédemment, cette période doit être consacrée à la structuration de l’action. Il convient de recenser les projets majeurs, les contraintes existantes, les opportunités, et de les confronter au champ des possibles. Ecrit autrement, un travail de stratégie et de programmation doit être entrepris.

Gérer en permanence les urgences et le quotidien est un danger qui guette une équipe dirigeante. Il s’agit d’une tendance qu’il convient de prévenir. Une des techniques consiste donc à prendre des temps de réflexion pour réfléchir aux réformes structurelles. C’est précisément l‘objet du travail autour du projet de mandat, par exemple.

J-B. CLERC – La crise sanitaire que nous venons de vivre et que nous vivons encore aura inévitablement des répercussions sur les politiques publiques à décliner sur nos territoires. A la lecture de ces éléments, les élus locaux auront à s’interroger pour déterminer les priorités et le calendrier de leurs mises en œuvre.

La participation à la relance de l’économie par l’investissement public, le développement de plus de solidarités dans un contexte d’emploi turbulent ou encore la transition écologique présideront certainement ces débats.

Si vous souhaitez témoigner des actions menées dans vos collectivités, n’hésitez pas à nous contacter !

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